Quand on me souhaite joyeuse nouvelle année de l’hégire … je
me rends compte que nous sommes en 1437 donc au début du quinzième siècle !,
selon le calendrier julien solaire utilisé depuis la Rome antique et remplacé
par le calendrier grégorien à la fin du XVIe siècle, nous sommes au 21 siècle.
Cela, n’est peut-être pas dénudé de tout sens, car la nouvelle année de
l’hégire correspond au début de la période de la renaissance qui s’étalait de
l’année 1400 à l’année 1600 par convention. Et plus précisément nous sommes
dans la période qu’on qualifierait de la phase de l’avènement de l'esprit
nouveau (1400-1480). Elle constitue en premier et pour la majorité des peuples
d'Europe la renaissance littéraire, le développement des langues européennes et
la volonté d'enrichir et d'illustrer chacune des langues nationales. C’est la
période où la conscience littéraire se constitue peu à peu, s'étend l'immense
domaine des idées et des mentalités, s'instaurent les grandes mutations
sociales et politiques (l'essor des nationalismes, l'expansion commerciale,
l'évolution de la connaissance du monde terrestre et céleste). cette nouvelle
culture s'appuie sur des supports sans précédent : renouvellement de la
latinité, connaissance du grec, fondation de bibliothèques humanistes, débuts
de l'imprimerie, apport des arts graphiques et nouvelle pédagogie.
Le « nouvel esprit humaniste » s'exprime par une vision
renouvelée de l'homme, du monde, de l'amour et un idéal nouveau de formation
intellectuelle. Mais la période est également marquée par un renouveau
spirituel : transmission des connaissances bibliques, courants mystiques,
mouvements spécifiques tels la Devotio moderna, la révolution des hussites ou
les appels orthodoxes à la réforme de l'Église, courants de pensée assez
puissants pour se traduire par des écrits très nombreux. Dans le domaine
artistique, d'importantes innovations se font jour. La révolution de la
troisième dimension, une nouvelle sensibilité artistique et le renouveau
architectural ont leur écho dans la littérature de la Renaissance, tandis qu'en
musique, s'affirme, autour des compositeurs franco-flamands, la
"permanence gothique".
Certains Dirait que quelle est l'intérêt de cette superposition
ce rappel historique ?
Et bien, ça donne matière à réflexion !!! A propos de
l'Histoire, presque tout le monde en Tunisie connait l'adage d'Ibn Khaldoun à
ce sujet "التاريخ في ظاهره لا يزيد عن الإخبار وفى
باطنه نظر وتحقيق", qu'ils nous avaient toujours passé
à la Télé Tunisienne dans une Emission d'éphémérides ... quand la Télé
tunisienne était plus laïque et remplissait mieux sa mission d'ailleurs. Mais,
rares sont ceux qui ont lu les ouvrages de cet érudit pourtant une fierté
nationale ... c'est vrai que le niveau élémentaire en arabe littéraire des
tunisiens, qui aussi le miens, ne nous permet pas de bien le comprendre, mais
il existe des traductions dans toutes les langues. En effet, une majorité ne
connait pas dans le détail cet adage !! Ibn Khaldoun, décrit l’Histoire comme
" une discipline des plus répandues entre les nations. Le vulgaire
voudrait la connaître. Les rois, les dirigeants la recherchent à l’envie. Les
ignorants peuvent aussi la comprendre que les gens instruits. En effet, l’histoire
n’est, en apparence, que le récit des événements politiques, des dynasties et
des circonstances du lointain passé, présenté avec élégance et relevé par des
citations. Elle permet de distraire de vastes publics et de nous faire une idée
des affaires humaines. Elle fait voir les effets du changement…".
Selon Ibn Khaldoun, cela n'est que le sens apparent de
l'Histoire car il continue pour définir son aspect caché, son essence, qu’Ibn
Khaldoun appelle son aspect intérieur, voici ce qu’il écrit dans le même
avertissement: " Cependant, vue de l’intérieur, l’histoire a un autre
sens. Elle consiste à méditer, à s’efforcer d’accéder à la vérité, à expliquer
avec finesse les causes et les origines des faits, à connaître à fond le
pourquoi et le comment des événements. L’histoire prend racine dans la
philosophie, dont elle doit compter comme une branche… "
Il termine sa définition de l’objet de l’Histoire dans comme
suit : "l’Histoire a pour objet l’étude de la société humaine,
c’est-à-dire la civilisation universelle. Elle traite de ce qui concerne la
nature de cette civilisation, à savoir: la vie sauvage et la vie sociale, les
particularismes dus à l’esprit de clan et les modalités par lesquelles un
groupe humain en domine un autre. Ce dernier point conduit à examiner la
naissance du pouvoir, les dynasties ou Etats et des classes ou catégories
sociales. Ensuite, l’Histoire s’intéresse aux professions et aux manières de
gagner sa vie, qui font partie des activités et des efforts de l’homme, ainsi
qu’aux sciences et aux arts. Enfin, elle a pour objet tout ce qui caractérise
la civilisation."
Enfin, Bonne et heureuse année Hégirienne à toutes et à tous
! Qu'elle vous apporte la réalisation de vos souhaits les plus chers ! et à
l'humanité entière le bonheur, la fraternité, la paix et la sérénité. A l'aube
de cette nouvelle année 1437 de l'Hégire, je ne peux que me souvenir du sens et
de la consistance d'un tel événement en cela que l'Hégire désigne d'une part la
rupture avec un modèle de société coutumière, avec cet esprit des tribus
arabes, avec l'obscurantisme et l'ignorance qui y régnaient, de l'autre, l'exil
et le départ vers un lieu prêt à accueillir des idées neuves, une communauté en
quête du savoir, d'ouverture, d'égalité, de liberté, de partage, de probité, de
paix, de sérénité, des lumières et des droits inaliénables de l'Homme !!!
L’Islam est une religion plus que millénaire et vient à la
suite du judaïsme et du Christianisme qu'il intègre dans son « Message aux
hommes ». Elle n’avalise en aucun cas l’obscurantisme et la violence dont font
montre les différents courants islamistes.
sans oublier cette idée de Mohamed Talbi que je partage :«
L’islam est né laïc » !!!