vendredi 24 juillet 2015

Joyeuse fête de la république à Toutes les Tunisiennes et à tous les Tunisiens !


Joyeuse fête de la république à toutes les Tunisiennes et à tous les Tunisiens !


En cette occasion n'est-il pas le moment opportun pour se mémoriser ses moments importants dans la vie de notre chère Tunisie et se pencher sur le sens profond de ce mot devenu commun et répandu dans le langage politique : La République !!! Ces dernières années et grâce à cette euphorie de plateaux télé de l’après révolution, certains sont dans la confusion !!! Ils confondent la république avec la démocratie ! Alors que cette dernière n'est qu'un mode de gouvernement, une méthode fondée sur le pouvoir du peuple, à travers le suffrage universel direct ou indirect. La République est tout autre chose !!! Le mot lui-même dans son origine étymologique paraît assez neutre: «res publica», la chose publique.

Le mot République a été adopté par référence aux républiques antiques, carthaginoise et romaine, et à des références de modèles plus récents: la République Française et celle des Etats Unies d'Amérique, pour désigner un régime sans souverain héréditaire. La Monarchie était presque la seule forme qu'a connue la Tunisie depuis plus de 14 siècles !

Que ce soit sous les Byzantins ou après l'invasion et la domination arabe ! Que ce soit à l'époque médiévale, sous les Aghlabides, les Fatimides, les berbéro-mauresques Zirides, Hammadides, Khourassanides, Almohades, Hafsides et même après la domination ottomane, sous les dynasties Mouradites et Hussaynites ... ,le régime héréditaire était la norme !!!! Le 25 Juillet 1957, un an après l'indépendance d'un protectorat français qui a apporté le dernier coup de grâce pour que tombe le rideau sur la monarchie en Terre Carthaginoise d'Africa ! Sous l'impulsion de Bourguiba et du Conseil Constitutionnel que la République carthaginoise moderne renaisse de ses cendres !
Ce 25 juillet 1957, le peuple tunisien a retrouvé sa souveraineté. A l’unanimité, les députés convoqués à la séance extraordinaire se sont prononcés pour l’abolition du régime monarchique et l’instauration du régime républicain !!! A 17h55, c'est Jellouli Farès, président de l’Assemblée, qui annonce solennellement: «La monarchie est abolie par la volonté du peuple. Par cette même volonté la République tunisienne est née».

Les députés, debout, applaudissent. Dehors le canon tonne et la foule, massée aux alentours du Palais du Bardo, émue devant ce mot magique " République ".

Ahmed Ben Salah, vice-président de l’Assemblée, a déclaré ce jour-là que «l’Etat doit se libérer du joug hérité du passé, cela ne peut que consolider l’indépendance du pays et la souveraineté du peuple tunisien. Il n’y a aucun doute, nous serons aujourd’hui délivrés des séquelles de l’ancien régime. Il ne peut y avoir de souverain dans ce pays, et la volonté du peuple est sacrée. Notre génération a été élevée dans la doctrine du Néo-Destour, aspirant à la liberté, à la paix et à la prospérité. Nous devons jouir pleinement de notre souveraineté totale et sans partage. Lors de la lutte, nous avons déjà vécu un régime républicain, car à l’époque, il y avait deux Tunisie, l’une fictive, l’autre réelle. La République a déjà vécu en Tunisie sous l’illégalité; nous devons aujourd’hui la légaliser».


Ainsi le sens profond de la République était en premier lié à l'indépendance, à la souveraineté du peuple et à la liberté ! La République est née concomitamment avec ce poste à la fois si proche du peuple car il en fait partie et si prestigieux à la hauteur d'un souverain qu'il a détrônée celui de Président de la République.


Cette première république moderne est liée à l'œuvre de Habib Bourguiba s'appuyant sur la Raison pour édifier cet Etat moderne en Tunisie.

Aussi, la promulgation de la Constitution en 1959 a‐t‐elle représenté la base de l'édification de cette République et de cet Etat rationnel, entité distincte de l'Oumma, la nation musulmane.

La République repose sur une Constitution et non sur des attributs sectaires, plaçant la Raison au cœur de toute action développementaliste et considérant que l'homme demeure la mesure de toute chose, à l'instar de l'aphorisme platonicien. Une république permettant l'élévation du « niveau de l'homme » par l'action éducative, Bourguiba avait la conviction qu'une élite compétente, militante et progressiste devait assumer le pouvoir et s'assurer du contrôle de l'Etat.


Une République au service de l'émancipation individuelle et de la désacralisation de certaines pratiques sociales et culturelles, comme le port du voile par exemple, voire même en fustigeant les archaïsmes, comme celui du pouvoir de guérison attribués aux marabouts, que le processus de rationalisation de la société tunisienne fut entrepris.

Les motivations du nouvel Etat tunisien reposaient ainsi sur la formation de la morale favorisant la Raison, excluant de fait toute forme d'approche passionnelle, ce qui pouvait aller à l'encontre de l'ancrage de certaines traditions populaires fortes. Ce choix d'une éducation intellectuelle et morale s'appuyant sur la Raison et se libérant de l'esprit séculaire des mœurs, a été déterminant et a provoqué d'une certaine manière une « révolution psychologique » des 30 premières années de la jeune République.


En outre, l'œuvre de l'action éducative, couplée à des changements de législation sociale, comme la promulgation du Code du Statut Personnel, ont permis une transformation des mentalités, nécessaire à l'émancipation individuelle. La république est aussi liée à l'action primordiale de régulation des institutions religieuses et à la prise d'initiatives conforme au principe rationaliste. La République moderne confère à l'Etat d'organiser l'Islam institutionnel en dehors de la sphère publique.

Une république dont l'un des aboutissements de son recours systématique à la Raison est de libérer l’Etat de l’Islam et l’Islam de l’Etat !!! En étant garant de la republication de l'espace commun, de l'administration et du service public !!

Une république garante d'une modernité et de l'application d'une conception tunisifiée de la laïcité en Tunisie !!! L’article premier de la Constitution de 1959, illustre bien toute cette nuance car l’appartenance de la Tunisie à la religion musulmane ne concerne pas l’Etat qui reste fidèle aux principes républicains et ne doit pas se réclamer d’aucune religion que ce soit !!!

Une République Tunisienne au sein de laquelle la religion et la croyance sont d’ordre privée et individuelle et la République est là avec ses moyens et ses corps pour les restreindre à cette sphère. ...

Aujourd'hui ... Seul le temps nous prouvera si la nouvelle constitution dite de la deuxième république moderne Tunisienne ... aura renforcé ou non les principes républicains sécularisés et déjà établis, et si elle aura apporté cette couche supplémentaire tant espéré pour une mise à niveau de la constitution de 59 au diapason des avancées du 21ème siecle !